Dans le Centre-Loire, des vignerons entre transmission, terroir et temps long

Au cœur de la France, entre les méandres de la Loire et les ondulations calcaires de ses coteaux, le Centre-Loire cultive depuis des siècles une tradition viticole exigeante et lumineuse. C’est ici, dans cette mosaïque d’appellations que s’épanouissent des vignerons profondément enracinés dans leur terroir.  

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Parmi eux, Hélène Mardon et Arnaud Bourgeois incarnent deux visages de cette région : la continuité et l’innovation, l’engagement collectif et la quête individuelle d’excellence. Rencontre avec deux sensibilités différentes mais unies par une même passion. 

Chez les Bourgeois et au Domaine Mardon, la vigne est une affaire de famille, de transmission, de mémoire vivante. « Nous sommes vignerons de père en fils depuis dix générations », raconte Arnaud, installé à Chavignol, haut lieu du Sancerrois. « Depuis mon enfance, j’ai toujours vécu au rythme des travaux agricoles, et j’ai été contaminé très tôt par l’amour de la terre et du vin. » 

De son côté, Hélène a pris un chemin plus sinueux avant de revenir à ses racines. « J’ai travaillé ailleurs avant de revenir sur le domaine en 2002. C’est ce détour qui m’a donné du recul et renforcé ma décision. Ce que j’aime profondément dans ce métier, c’est le lien humain, le travail en équipe, la transmission. » Cinquième génération à la tête du domaine familial, elle impulse un virage biologique : la conversion à l’agriculture bio démarre dans ses vignes de Reuilly en 2017, puis à Quincy en 2022. 

Leur histoire personnelle se lit dans leurs gestes, dans leurs choix. Hélène évoque avec émotion la figure de son père, amoureux de sa cave, dont elle perpétue le regard sensible sur le vin. Arnaud se souvient de la douleur d’un millésime gelé en 1991, des silences lourds autour de la table, et du moment où son père lui a confié les clés de la vinification. « On n’exploite pas une plante, on cultive une vigne. Il y a une forme de respect à chaque étape, de la taille à la mise en bouteille. »  

 

Le Centre-Loire, carrefour d’histoires et de terroirs 

Si la région peut sembler discrète comparée aux mastodontes viticoles que sont la Bourgogne ou le Bordelais, elle n’en reste pas moins un haut lieu du patrimoine œnologique français. Le Centre-Loire occupe une position centrale, à la croisée des influences climatiques et géologiques. « C’est ici, à Quincy, que la première appellation d’origine contrôlée de la Loire a vu le jour, souligne Hélène. C’est un vignoble ancien, riche de traditions. » 

Chaque appellation du Centre-Loire possède sa propre identité : le fruité cristallin du Quincy, la minéralité enveloppante du Reuilly, la tension racée du Sancerre, la complexité fumée du Pouilly-Fumé… Une diversité précieuse, nourrie par la géographie mais aussi par les hommes. « Ce qui rend notre région passionnante, c’est cette capacité à raconter plusieurs histoires avec un même cépage », note Arnaud. 

La richesse du Sauvignon blanc, roi incontesté de la région, est amplifiée par les microclimats. Hélène insiste : « Même avec les mêmes cépages et les mêmes méthodes, le résultat sera toujours différent entre Reuilly et Quincy, par exemple. L’un va exprimer la fraîcheur, l’autre une certaine rondeur. C’est cette nuance qui fait notre force. » 

 

Tradition et modernité en équilibre 

La quête d’authenticité dans le vin ne se résume pas, jamais, à un retour passéiste. Chez ces vignerons, la tradition s’enrichit des techniques modernes, sans jamais renier le terroir. « On travaille avec des levures indigènes, on limite au maximum les interventions sur les vignes, explique Hélène. Cela permet au vin de vivre, d’évoluer naturellement. On ne cherche pas à maquiller le terroir, mais à le laisser s’exprimer. » 

Cette démarche résonne aussi chez Arnaud : « Nous adoptons certaines techniques modernes quand elles servent la singularité de notre terroir. Rien ne doit altérer l’authenticité du vin. » Un même raisin, un même sol, et pourtant une infinité de possibilités : en amphore, en œuf béton, en fût… Et autant de variétés d’élevages qui permettent d’affiner les textures, de révéler d’autres facettes du cépage. 

Cette attention aux détails, cette fidélité au geste juste, transforment chaque millésime en défi. D’autant que le climat, de plus en plus instable, impose son propre tempo. Gelées tardives, orages grêligènes, sécheresses intenses : les aléas climatiques obligent à une vigilance accrue. Arnaud observe : « Le cycle végétatif s’accélère. On vendange plus tôt. Les fenêtres d’intervention sont plus courtes. Il faut s’adapter. »

Hélène confirme : « On voit des évolutions concrètes, notamment sur les rendements et l’équilibre des vins. Certains millésimes sont plus ronds, parfois au détriment de la fraîcheur. » D’où l’importance du collectif, de l’entraide, notamment pour lutter contre les risques climatiques : « À Quincy, le collectif prime. On mutualise les moyens, on s’organise ensemble. ». À l’image de l’engagement et l’investissement collectif qui permet aujourd’hui de protéger les vignes de l'appellation contre le gel avec plus de 200 éoliennes. 

 

Des vins de lieu… et de lien 

Dans ces vins, il y a évidemment du terroir. Mais il y a aussi des émotions, des intentions. Ce sont des vins qui racontent, qui relient. Hélène insiste sur cette dimension humaine : « Je veux que mes vins soient des vecteurs de partage. Des cuvées conviviales, qu’on ouvre entre amis, mais aussi des vins plus complexes, pour des accords précis. L’essentiel, c’est de susciter du plaisir et du lien. »  

Arnaud va dans le même sens : « Nos vins doivent éveiller les sens. Qu’ils soient accessibles ou plus élaborés, ils doivent transmettre une émotion, quelque chose de juste. » 

Côté accords mets et vins, chacun a ses préférences. Hélène propose un accord subtil avec des Saint-Jacques poêlées, fondue de poireaux et tuile de parmesan, ou encore des crevettes sautées à l’ail pour souligner la fraîcheur des vins blancs de Centre-Loire. Arnaud recommande avec les blancs « les produits nobles de la mer, les viandes blanches, la cuisine asiatique non épicée, et bien sûr, le crottin de Chavignol, compagnon naturel du Sancerre. Avec les rouges : viandes rouges et poissons grillés se marieront avec les pinot noir et gamay de la région. » 

 

Une renommée méritée 

Pourquoi les vins blancs du Centre-Loire, et notamment le Sancerre – mais pas que – , jouissent-ils d’un tel succès à l’international ? Pour Hélène, la réponse tient en un mot : équilibre. « Nos vins offrent une fraîcheur, une rondeur, une aromatique unique. C’est une alchimie entre terroir et cépage. » 

Arnaud ajoute : « Le Sauvignon blanc du Centre-Loire a un caractère unique, facilement identifiable, et un rapport qualité-prix exceptionnel. C’est ce qui le rend si apprécié dans le monde entier. » 

Mais cette reconnaissance ne fait pas oublier la dimension profondément locale, humaine, de leur métier. « Il existe une vraie solidarité entre vignerons, confie Hélène. On échange, on partage nos doutes, nos trouvailles. On avance ensemble. » 

Hélène et Arnaud, chacun à leur manière et comme l’ensemble des vignerons de la région, incarnent une viticulture patiente et passionnée. Leur engagement en faveur d’un vin vrai, respectueux et vibrant, donne au Centre-Loire toute sa dimension : une région discrète, mais ô combien essentielle dans la grande carte des vins français. 

 

Concilier nature et culture 

Dans un contexte de bouleversements environnementaux, la viticulture du Centre-Loire se réinvente sans perdre son âme. Le respect de la biodiversité, des rythmes de la nature, guide de plus en plus les pratiques. « Nous avons amorcé une conversion bio dès 2017, rappelle Hélène. On essaie de faire au plus juste, au plus naturel. » 

Pour Arnaud aussi, l’enjeu est de taille : « Le changement climatique modifie tout. Il faut suivre de près l’état sanitaire des vignes, ajuster en permanence. C’est exigeant, mais aussi stimulant. » 

Au fond, ces deux vignerons partagent la même vision : un vin de lieu, qui raconte son sol, son climat, ses hommes. Un vin vivant, sincère, sans fard. « Ce que je veux, conclut Hélène, c’est que mes vins soient fidèles à ce qu’ils sont. Qu’ils aient une âme. » 

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